HIER JUSQU’AU BOUT Ce sont les vestiges d’une ancienne ferme située à Padiès, commune du département du Tarn, qui apparaissent au mois de décembre lors de la baisse annuelle du niveau du Cérou, rivière qui constitue une réserve d’eau importante grâce au barrage de Saint-Géraud, construit en 1992. L’on aperçoit alors au travers des éboulis ce qui était un four à bois, encore en usage il y a soixante ans. « – Ici, se trouvait le potager – dit Louis… ». Il désigne d’un geste de la main l’emplacement délimité par des murets encore intacts puis tournant légèrement son regard vers la droite indique ce qui reste de l’étable. « – Un jour, un sabotier s’était arrêté dans cette demeure où vivaient mes parents dit-il. Je devais avoir 5 ans, c’était juste après la guerre. Mon père et lui étaient partis un matin pour choisir un arbre dans la forêt, c’était souvent du bois d’Aulne, car plus léger. Il fabriquait dans un même tronc tous les sabots pour la famille, en échange du gîte et de quelques sous. Quand il faisait froid, on balançait des braises dans les sabots pour les réchauffer… Louis vit désormais un peu plus haut à La Croix de Cors avec sa soeur. Ce sont les seuls habitants de ce lieu-dit. Non loin de là, à Carrade exactement, vit Gilbert Nègre, né en 1932, et au lieu-dit Champ d’Albi, à peine plus loin, vit Denise Massol, née en 1938 ainsi que Jean-Pierre Bouyssie, un « jeune » voisin, né en 1967. Tous ces lieux-dits, ces hameaux tels que celui de Ginals où vivaient il y a encore quelque temps Odile Puech et son chien Dick évoquent une même façon de vivre, empreinte d’autrefois. Ce sont des petits bouts du monde qui témoignent de la fin d’un monde. C’était hier. |